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La morale de Rabelais.
jeudi 15 janvier 2009, par
Fais ce que voudras
A JiuXian, le 13 janvier 2009, beaucoup de choses illustrent la philosophie que Rabelais prête à Gargantua, dans l’abbaye utopique de Thélème : « Fais ce que voudras … et paie pour tes choix… », y lit-on.

C’est précisément vers 3h de la nuit, heure française, que Thélème, envoie ses vœux à Jean alors qu’il es déjà 10h du matin au bureau DaST de JiuXian. Il y règne une activité plus dense que d’ordinaire. Les uns se déplient en sortant de leur chambre, se préparent un café dans la salle commune ou étendent leur linge après le passage à la laverie commune. Les autres sont déjà engagés dans une discussion lourde, véhémente, pleine de mots incompréhensibles. C’est Mao, le chef de village avec M. Lù. Ils occupent largement l’espace sonore. On verra ultérieurement pourquoi.

Achat des chalets
Jean s’enquiert de la journée précédente auprès de Frédéric. Presque la totalité de l’équipe est « montée » au nord de Guilin pour signer le contrat d’achat et prendre les mesures exactes des deux maisons de montagne, en bois, destinées au « Jiu Xian Garden ». Frédéric est triomphant. Ye s’est fort bien débrouillé comme négociateur. Le prix de 6000€ par maison, évoqué au départ a été maintenu, les 10% sont payés et le contrat est signé. Rappelons qu’il n’y a pas de foncier dans cette transaction, mais seulement du « mobilier », c’est-à-dire poutres, structures et panneaux de bois. La structure de style Chuang-Dou-She illustrée ci-contre, abritera le Centre de santé.

40 M3 de matériaux pour chaque maison, selon les architectes. Pour le prix convenu, Monsieur Xieyuanrong, propriétaire, a accepté d’assurer le démontage, le transport jusqu’à Jiu Xian et le remontage. Il suffit seulement préparer les fondations pour les accueillir mais des quottes très précises sont indispensables, raison de l’équipée de la veille avec les jeunes architectes. Ils étaient partis avec les outils indispensables, équerres, niveaux, fil à plomb, mètre d’arpenteur... de quoi rappeler de vieux souvenirs à Jean. Le déménagement en montagne et à dos de mulet promet d’être très pittoresque, au point que la réalisation d’un film est projetée.

La caution d’un sage
Frédéric était ravi de faire la connaissance de M. li pei zhi, l’architecte de 84 ans, rencontré lors du précédent voyage au nord de Guilin (Près de 300 Km A/R). Posé, économe de ses paroles, ce respectable Monsieur sera le garant moral de l’opération. Celle-ci devrait commencer immédiatement après le Festival de printemps qui approche à grands pas. Il est donc urgent de préparer les terrains et surtout lancer l’élargissement du chemin pour que les camionnettes puissent apporter la pierraille, la chaux puis les madriers sur le chantier.

Le chemin d’accès
Le chemin qui commandera l’entrée du parc, c’est la pierre d’achoppement sur lequel le projet butte actuellement. A côté de l’école primaire, le propriétaire propose de vendre à un prix 4 fois plus élevé que celui proposé par l’Etat. Fred refuse, pour ne pas déséquilibrer l’économie locale et commencer à prêter le flanc à la spéculation. Reste la possibilité de démarrer plus en amont, près du virage.

L’alternative que propose Fred passe mal. Bien-sûr, il y a la barrière de langue, mais les traducteurs sont là. Il y a aussi l’avis de Lù qui n’est pas favorable à cette solution. Il doit cependant s’aligner sur la volonté de celui qui « paye ». Il y a enfin la position de cette entrée du parc, avec un espace pour garer les voitures. Il est placé à la limite de l’ « espace protégé » convenu avec la collectivité de village et cartographié, depuis plus d’un an.

Vente en secret.
Le contenu de la discussion entre Mao et Lù, évoqué plus haut, concerne précisément le grand terrain bordant le futur parking. Lù rapporte à Fred les propos de Mao qui vient de lui avouer que le terrain du parking est vendu et payé…depuis la veille… Le sang du patron ne fait qu’un tour : « Comment, les spéculateurs sont déjà à l’œuvre pour installer des ‘cabanes à frites’ sur l’espace ‘protégé’ ? Jamais ! ».

Spéculation ?
Le vendeur, contacté par téléphone fait l’étonné. Il dit ignorer les limites de la zone protégée. L’acheteur, M. LI Hongxiang, par contre, devait parfaitement connaître les projets puisque, un mois plus tôt, il était l’un des guides qui faisait découvrir au groupe, la zone du Mont Guan Yin. On le voit, photographié ci-contre, entre Jean et Fred et en compagnie de Mao, le 3 décembre 2007 à 11h56 (Merci Sony !). Voir article Le tour de la montagne jaune
Les chefs, nécessairement contactés pour cette vente, n’ont pas fait leur boulot. Comment sévir ?
Toute l’équipe plie bagage !
Les mesures à prendre mûrissent au cours de la journée. La décision tombe à 17h. Pas de quartier concernant cette vente sauvage. Depuis Yangshuo, Frédéric informe Ye par téléphone qu’il suspend le projet. Il passe prendre ses affaires dans une heure et repart avec toute l’équipe, exception faite de M. Lù qui reste en otage. Ce dernier doit au moins terminer la "Villa Maria" et rattraper son erreur, celle de s’être insuffisamment informé par rapport au projet. C’est lui qui parle chinois ! En quelques heures, le vent a tourné. Affaire à suivre. Voir Négociation à la chinoise.
Sweet hotel.

Vers 21h, le taxi (Li Zhao Tang) termine sa seconde rotation sur Yangshuo. Sur la route cahotique du retour, Fred lui fait traduire précisément les raisons du départ pour que l’information soit diffusée. Li Zao Tang (fils) fait partie des 46 propriétaires des 3000 Mùs, ayant reçu son dû, le 8 décembre. voir article Foncier chinois

Toute l’équipe est maintenant rassemblée au Sweet Hotel qui vient tout juste d’ouvrir après travaux. Chacun devra particulièrement surveiller ses pieds en montant des marches neuves mais tellement irrégulières… Comment cela est-il possible. La belle chambre avec terrasse sur la rue est laissée aux filles Joyce et Bottle. ‘Attention aux cambriolages. Ici c’est la ville.’ prévient Nicolas qui s’est fait voler hi-fi, et caméra vidéo. Il partage sa chambre symétrique avec Jean. Mais là, derrière le rideau neuf, la fenêtre coulissante en alu, neuf, elle-même n’ouvre que sur le mur voisin à 4 centimètres. Oui Quatre centimètres et aucune lumière ! « à la guerre comme à la guerre… ». Le Tao est ici d’un grand réconfort. Heureusement l’air conditionné ne souffle pas sur le nez des occupants. Ils n’ont que froid aux pieds. Les menus s’occidentalisent. Les convives disposent de couteaux et fourchettes.
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Messages
1. La morale de Rabelais., 8 février 2009, 13:33
Vous l’avez trouvée où la ravissante Bottle ??
Dom laisse pousser tes cheveux !!!
bises
françoise pansard