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HUAN IN, la ‘Riviera’ thaïe

jeudi 2 février 2023, par Jean Landré

On a coutume de comparer la Thaïlande à une tête d’éléphant dont la trompe est partagée avec la Birmanie jusque vers Phuket. C’est dans la partie orientale de cette langue de terre que se situe Pran Buri, dans la région de Hua In qui compte moins de 70 000 habitants.

HUAN IN, la ‘Riviera’ thaïe
Ce vendredi, les séniors quittent l’appartement très tôt pour rejoindre la gare routière d’Akkamaï à une station de la leur (Phra Kanong) sur la ligne du sky train. Bien leur en prend, car ils se retrouvent à Asok pour comprendre qu’ils se sont trompés de station de métro. Ils ne reconnaissent pas les lieux où Kemal, le guide de la veille, les avait laissés pour prendre leur billet. La vente des tickets de bus n’est ouverte qu’une heure à l’avance. Pour un départ à 9h, ils s’étaient levés à 6h30 ! Ils avaient également noté le tarif pour Pranbury 10€ par passager. Ils arrivent à temps pour partir presque immédiatement, depuis le quai 18. Il ne reste que deux places dans le van qui ne part finalement qu’à 9h30. Comme 4h de route sont annoncées, ils prennent le temps d’un roupillon. À mi-chemin, pause dans une station-service pour faire le plein (de gaz, apparemment). Il y a le temps de se dégourdir les jambes. D’autres arrêts émaillent la suite, sans perturber la somnolence qui reprend, si ce n’est le chauffeur qui se met à vérifier les billets. Ce sont ceux des deux Français qui sont en cause. Il fallait descendre ‘ici ´ c’est à dire en pleine brousse, avec comme seule indication gestuelle du chauffeur, celle de rejoindre les bâtiments… ´là-bas’ !

Était-ce la destination finale ? Peu probable, car Google-Maps n’indique ici, que mi-chemin !
Nos Papys sont perdus avec leur sac sur le dos, au milieu de nulle part… Ils longent l’autoroute et arrivent vers les premières maisons.

Qui interroger, tout est fermé ? Ah, enfin une pancarte où figure le mot ´hôtel’ ! Pour s’y rendre, il faut cependant traverser l’autoroute. Ils trouvent enfin une brèche dans le mur qui sépare les voies et s’engagent prudemment entre les véhicules avec leur sac sur le dos. L’aventure, c’est dangereux quelquefois.

Le jeune gardien de l’hôtel ne parle pas un mot d’anglais. Jean montre la réservation pour Pranburi. Il s’en suit un échange de gestes selon lesquels il faut partir à gauche, tourner à droite, aller tout droit et trouver quelque chose qui doit répondre aux besoins captés par le jeune homme. Ce dernier, voyant son explication incomprise, décide de quitter son poste pour accompagner les visiteurs. Ce n’est pas très loin, et c’est là qu’ils découvrent une sorte de gare routière pour vans et taxis. Il faut encore payer sept ou huit euros supplémentaires pour arriver à destination. La durée de trajet n’est pas précisée. ´Wait ten minutes’ leur est-il précisé de façon péremptoire ! Ouf ! Pourvu que la destination soit la bonne…

Les minibus se succèdent. Le minivan, désigné par le caissier comme le bon, se présente enfin. Il est bourré de voyageurs et de gros paquets, au fond. Jean s’y fraye une place.

Deux heures plus tard, il ne reste plus dans le minivan que les deux papys. 14h : Le chauffeur les dépose devant leur ´villa gris’. La destination était la bonne ; Dieu merci !

Villa gris

Villa gris est le nom de l’hôtel parce qu’il est peint en noir et gris. Il se situe à Pranburi près de Hua In, petite ville au sud de Bangkok, sur le littoral ouest du golfe du Siam. C’est à 200 km de la capitale ; 4h de route avec plusieurs vans.

Une seule jeune fille se trouve derrière le guichet, pour tout personnel d’accueil. Le seul mot prononcé (et compris) est le mot passeport. Aïe ! Sur conseil de Lili, les Français ne les ont pas pris. Il suffit de présenter la photo de celui-ci sur le téléphone ! L’hôtesse pointe le doigt sur différents petits panneaux précisant en thaï et en anglais, des détails comme les horaires de breakfast, l’utilisation des vélos en libre-service, etc.

Dont acte !

Après installation dans la chambre et une courte douche, c’est direction LA MER que les touristes n’ont pas encore vue ! Ils enfourchent les vieux biclous jaunes à disposition et filent plein est pour trouver la plage… à 200 m seulement.

Pas un chat ne circule, sous le soleil au zénith. Pas une boutique d’ouverte pour croquer un morceau. Il faudra se résoudre à sauter un repas ! Pas un baigneur en vue sur la plage de sable fin qui s’étend, à droite jusqu’à une montagne karstique fondue dans la brume et à gauche, sans obstacle, à perte de vue ! Quelques beaux coquillages jonchent la plage.

C’est vers le repère karstique, cette montagne isolée en bout de plage, que les cyclistes se dirigent. Au bout de 2 km, la route est plus animée. Le pic rocheux offre une ombre rafraichissante. Il est couvert de cactus. ´C’est impénétrable´ déclare le Savoyard, mais j’irai faire un tour demain matin ! Un escalier en bout du sable mouillé semble plein de promesses pour le montagnard qui décide de prévoir une rando d’escalade le lendemain matin.

Au retour, une petite sieste est la bienvenue.

À l’angle de la rue de ´villa gris’ une pizzeria tente Alain. Enfin de quoi se sustenter, les pieds dans le sable ! Les voisins de table sont aussi les voisins de chambre. Le dialogue s’instaure avec Mme, Allemande, Mr, Thaï et le fiston de 15 ans qui apprend le français dans l’école franco-suisse de Bangkok où sa mère enseigne l’allemand. Il fait du kitesurf, mais est fiévreux ; il ne faut pas l’approcher !

Un désert touristique
Dimanche : pas davantage de touristes sur route et dans les hôtels. Les vélos mis à disposition par l’hôtel sont très mal entretenus, pas graissés. C’est pénible de faire 2 km. Le projet d’escalade tombe à l’eau, au sens propre pour Alain. En effet l’escalier d’accès est inaccessible. C’est marée haute ! Laissant Jean se reposer, Alain part pour une exploration des environs. Avec le vélo jaune poussif, il boucle plus de 20 km. Bravo !

YAMAHA
Dimanche matin, les sportifs demandent de louer un petit scooter de 150 cm³ pour eux deux. Aucune contrainte administrative, aucun permis demandé. L’engin est laissé avec deux casques pour 10€ par jour. Quelques petits problèmes de mise en route se présentent. Alain ne trouve pas comment ouvrir le coffre pour y déposer son sac à dos. Rien ne s’inscrit sur le tableau de bord, mais l’engin démarre. La tête flotte dans les casques trop grands. Jean règle le problème en interposant sa casquette, Alain, en naviguant sans casque. Le fou !

J’assume, déclare-t-il, péremptoire. Pas commode le mec !

Pompe à essence
Jean, toujours inquiet, craint la panne sèche, mais comment trouver une pompe à essence ? Les copains parcourent prudemment le circuit de la veille en vélo et se laissent tenter par l’aventure vers l’inconnu, vers le nord-ouest. Heureusement le GPS du téléphone de Jean est là pour les ramener à Villa gris. Celui d’Alain n’a plus la charge ! quelle sécurité de voyager à deux…

Avec Alain, on sent le motard qui veut connaître les limites de sa machine. Il commente ses actions, son projet, la cylindrée, mais Jean, accroché derrière, n’entend rien sauf le vent qui lui siffle dans les oreilles. Il se tient comme il peut. Main gauche sur l’épaule du pilote, main droite cramponnée au siège ! Le tableau de bord toujours muet ne lui donne aucune indication sur la vitesse. Les panneaux précisent qu’elle est limitée à 30 km/h et il y a les ralentisseurs que les amortisseurs du scooter absorbent mal. Jean, à l’arrière, fait des bonds à chaque fois, cherchant à amortir avec les jambes. Il a l’impression de dépasser les 100 à l’heure. Alain rigole !

Ah voilà une station-service ! 1,5 litre suffit à faire le plein. Pas de souci. Le deux-roues peut partir à la recherche d’une zone un peu urbanisée pour que l’équipage puisse trouver à croquer un morceau et boire un coup.

C’est enfin un centre commercial où les deux jeunes trouveront pamplemousse, pastèque et bière qu’ils dégusteront en squattant une table du KFC ! Pour le Nouvel An chinois, un stand fait une promotion de différentes montres. Celle de plongée à dix euros retient toute l’attention du Savoyard. Il la prendra pour compléter sa collection de fausses Brietling, Carrera et Rolex !

´Maps’ annonce 18 minutes pour rentrer. Il faut cependant bien une heure en se perdant sur les petites routes et culs-de-sac de cette région agricole.

Les pieds en éventail
Petit repos à l’hôtel et test de la seconde piscine. Elle est au nord, donc plus froide. La pompe de l’autre piscine est en réparation. Alain donne son diagnostic au réparateur : stator grillé, il faut rebobiner. Pas sûr que le gars ait compris l’explication gestuelle du Français !

Au cours des pérégrinations. Les garçons ont repéré deux cahutes de massage sur la plage. Alain s’était fait masser la veille et propose à Jean de l’accompagner. Pas de problème pour que ce dernier suive…

Le massage sera d’autant plus apprécié par Jean qui, en descendant de la moto, badaboum ! s’étale sur le parking - avec casque, heureusement, mais hélas, sans son son slip en zinc… C’est la hanche qui prend tout !

Il n’y a qu’une seule masseuse dans la première paillote ; pas question d’attendre. C’est plus drôle de se faire masser à deux, ce qui permet à Jean de capter les gestes et techniques de l’autre professionnelle ! Ils filent donc un peu plus loin. Là, il y a déjà trois clients ´en main’ et la patronne fait la fête à Alain, qu’elle reconnaît ! L’heure de massage se passe selon le même protocole qu’avec Khoun Tip chez Lili. Un thé vert et une banane sont offerts aux clients pour le même tarif de 10€ chacun.

Encore une journée de gagnée. La vie est dure !

Avec le décalage horaire, c’est en soirée que les dialogues et les échanges se produisent (midi en France). Alain rayonnant apprend par sa fille que pour le 13 février, ses petits enfants sont réclamés par les autres grands-parents. Quelle aubaine ! Alain pourra rester en Asie plus longtemps… Un projet d’une semaine au Cambodge est même en train de s’échafauder avec Lili qui vient d’apprendre de son côté que sa p’tite élève canadienne de CE2 sera en vacances la semaine du 13 février. Vive la liberté ! Quant au Laos et à la Birmanie, il reste encore de temps pour monter ces projets.

Parc National de Khao Sam Roi Yot
Les cinq jours de Pran Buri tirent sur leur fin. Deux expéditions en moto se mettent en place à une trentaine de km au sud de l’hôtel :
L’une pour aller au Parc National de Khao Sam Roi Yot, le plus ancien parc national marin.
L’autre pour voir la grotte de Phraya Nakon, mais le lendemain, car Maps indique que ça ferme à 15h

Les motards atteignent facilement leur destination, mais il sera plus difficile de retrouver l’hôtel au retour !

Les paysages montagneux attirent plus les photographies que le littoral plat et les vagues de grandes marées. Le vent est très fort et oblige Alain à se cramponner à son guidon.

Un arrêt photo obligatoire à l’entrée et à la sortie du parc. C’est une colonie de singes qui en contrôle l’accès ! Alain observe les mâles qui sont barbus et les femelles sous lesquelles s’accrochent des tout petits bébés singes. Tout ce petit monde s’ébroue sur la route, mendiant sous le panneau « do not feed monkeys ». Sinon une amende de 5000 bahts est encourue !

Le Parc National est là sur la droite. Bien petit, malgré son grand parking, complètement vide. Le tarif affiché est le même que pour tous les parcs : 20 ฿ pour les locaux 200 ฿ pour les étrangers. Cet ostracisme faisait déjà hurler Daniel Fougou, le copain d’école de Jean, installé en Thaïlande depuis plus de vingt ans.

Mal chaussé et peu sportif, Jean abandonne rapidement l’escalade du rocher (580 m) dont Alain, le Savoyard, reviendra vainqueur, mais légèrement blessé aux chevilles.

De là-haut, on a une vue magnifique à 360 degrés sur la mer et les montagnes. J’ai filmé les parcs d’élevage des crevettes !

Le retour est douloureux pour le dos de jean qui réclame un STOP réparateur ! Chez son copain, il n’y a que le crâne qui a pris un bon coup de soleil et quelques coups de grottes ! Un dernier massage est consommé en soirée, dans une nouvelle paillote, mais Alain a des doutes sur sa masseuse qui a une grosse voix. Il s’agit probablement d’un ‘Katoy’, terme traduit officiellement par Bangkok girl, mais qui qualifie en fait les nombreux transgenres ou travestis thaïlandais. Le vocabulaire pour le troisième sexe (กะตอย) ne manque pas : She-males, Ladyboys. Il parait que toucher les fesses d’un Katoy porte Bonheur…

 Alors Alain, tu regrettes de ne pas avoir tenté ta chance ?

La journée du mardi 31, dernier jour de villégiature sur la ‘Riviéra’, Alain part seul vers les ‘caves’ de PRAHIA NAKHON après avoir révisé son circuit sur Waze. Jean n’arrive pas à le joindre pour savoir s’il est bien arrivé, car le portable du motard est à plat. Est-ce à cause des nombreux films qu’il a épuisé sa batterie ? Vers 14:30, un nouvel essai passe enfin par appel vocal, mais le sportif est pressé de visiter la 3e grotte comprise dans le ticket forfaitaire, avant la fermeture de 15h. Une torche est confiée aux rares visiteurs qui ne sont guidés que par quelques flèches jaunes balisant le cheminement dans le noir total. Jean n’aurait pas suivi les dénivelées de l’ordre de 200 à 300 mètres au travers des pierriers, stalactites et stalagmites de ces grottes très peu aménagées, au point de rebuter le groupe de jeunes, croisé par Alain !

À 16h, le spéléologue est de retour à l’hôtel, à peine fatigué par ses différentes courses dans les entrailles de la terre, mais montre un crâne cabossé et sanguinolent ! Il retrouve Jean qui arrive d’une activité plus douce : un massage du dos en bonne et due forme !

Il est temps d’aller se baquer à la mer, car la marée basse laisse assez de sable pour poser les affaires. Mais voilà que le scooter ne veut plus démarrer ! Le motard peste, mais rien n’y fait ! Heureusement que ça arrive alors qu’il vient de rentrer. Les clients rendent les clefs à la réception ainsi que les casques et les 30€ de location pour les 3 jours. Il arrivera à redémarrer entre les mains du loueur. C’est la queue basse qu’ils enfourchent les vieux vélos, comme au premier jour, pour rejoindre la plage… Ils se retrouvent seuls comme d’habitude, sur cette plage, déserte à perte de vue. Comment cette région touristique peut-elle survivre avec si peu de monde ?

Dès 7h le mercredi 1er février, les bagages sont prêts, le petit déjeuner pris, dès l’ouverture et la chambre rendue. C’est la camionnette taxi de l’hôtel qui dépose les clients à mi-chemin entre PranBuri et Huan Hin, sur le bord de l’autoroute, chez un grand loueur de motos. Curieux endroit comme gare routière ! Une petite demi-heure d’attente pour le van qui vient les cueillir, complètement vide. De nombreux arrêts émaillent les 5h de trajet avant de les déposer à la grande gare d’AKKAMAI dans la capitale. Chargés comme ils sont, les voyageurs préfèrent prendre un taxi pour rejoindre « Piri, Soy Sip » à côté, mais ces derniers refusent de mettre le compteur et prennent forfaitairement 200 ฿ pour faire 2 km. Soit le même tarif que le bus pour les 5h passées pour revenir de Hua Hin !

En arrivant à Bangkok, on comprend que si 90% des asiatiques portent un masque, c’est aussi à cause de la pollution.

Une partie de la soirée est occupée pour modifier la date de retour en Europe d’Alain. Lili et Estelle (la nouvelle coloc) se relaient sur le site de Qatar Airways et au téléphone. Tout est compliqué, car le paiement des 15€ forfaitaires par carte de crédit pour modification des dates ne peut aboutir. On sait que c’est à cause du double contrôle consistant à renseigner un code provisoire à 4 chiffres transmis sur le N° de téléphone français enregistré par la compagnie aérienne et non le n° Thaï installé sur le mobile d’Alain.

AVIS aux VOYAGEURS : Avant le départ, il faut organiser les paiements par carte avec la banque de façon à éviter cette procédure du double contrôle, par un numéro spécial…

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Messages

  • Belle balade de descendre en dessous de Bangkok.... c’est bien sympa.....
    Je suis très étonnée que vous ne voyez pas de Touristes.....
    Bravo de voyager en vélo et en scooter..... Bravo....

    Bon séjour maintenant sur BKK et autres villes.....
    La Bise. DOM

  • Bonjour les aventuriers de la jungle, à vélo, à moto… c’est un récit haletant qui ne craint pas d’aller jusqu’au sang. Il manque de quoi manger, mais il y a néanmoins une masseuse si le carême se prolonge ( je ne vois pas bien pourquoi, j’écris cela). Ce n’est pas tout à fait le dénuement, la nudité… Vous ne parlez pas des serpents, des scorpions, à moins que ma première lecture, avant impression, ait été trop rapide. Jean c’est plus exotique et plus rustique voir énigmatique que la chevauchée, la vélochée, vers le Mont-Saint-Michel et Grandville.

  • Hé bien dis donc, que d’aventures ! Moi je crois que ça m’aurait stressé. En tous cas, très intéressant, très bien fait ton blog. Merci de me permettre de suivre cette aventure. Que tout se passe bien pour la suite du voyage. J’ai l’impression que les séances de massage sont indispensables et réparatrices, ce que je peux comprendre à la lecture de ces récits. Bien amicalement, Jacques